GIBRALTAR CHRONICLE EXTRAORDINARY
THURSDAY; OCTOBER 24, 1805 – Price Twelve Quarts.
(Copie)
A Bord de l’Euryalus, en Mer, 22 Octobre, 1805.
Monsieur,
Il y eut hier un Combat entre la Flotte de Sa Majesté, et les Flottes Combinées d’Espagne et de France, et nous remportâmes une Victoire qui parviendra à la Postérité, comme une des plus brillantes et des plus décisives qui ornent les annales de la Marine Angloise.
La Flotte Ennemie, forte de 33 Vaisseaux de Ligne, sortit de Cadix le 19 au Matin pour livrer combat, à l’Escadre Angloise composée de 27 Vaisseaux, et hier, à onze heures du matin, l’Action commença près des Bas-fonds de Trafalgar. A 5 heures du soir, 17 Vaisseaux Ennemis s’étoient rendus, et un autre (l’Achille) étoit brûlé. Parmi les prises se trouvent la Sta. Ana, à bord de laquelle l’Amiral Espagnol Don d’Aleva a été mortellement blessé, et la Santisima Trinidad. L’Amiral François Villeneuve a été fait prisonnier, et est à présent à bord du Mars. Je crois qu’il y a trois Amiraux de pris.
Notre perte en Hommes a été considérable; mais ce qui est irréparable, ce qui cause des Regrets Universels, c’est la Mort de notre Illustre Commandant en Chef qui est mort dans les Bras de la Victoire. Je n’ai point encore les rapports des différens Vaisseaux; mais j’ai appris que les Capitaines Duff & Cook avoient été tués dans le Combat.
J’ai à vous féliciter de ce Glorieux Evénement, et ai l’Honneur d’être, &c. &c.
(Signé) C. COLLINGWOOD.
Au tres-Hon. H. E. Fox, Gen. des Armees de Sa Majeste, &c. &c.
Aux détails qui précèdent sur cette Glorieuse Victoire, nous avons à ajouter, que le Bâtiment qui a apporté les Dépêches, compta dix-huit Vaisseaux pris, avant de quitter la Flotte; et qu’il en vit trois autres, ras comme des pontons, flotter au gré des vagues, et poussés vers la côte de Barbarie. Il est probable qu’ils tomberont aussi entre nos mains.
L’Amiral Collingwood, à bord du Dreadnought, mena bravement l’avant-garde de la Flotte Angloise au combat, sans tirer un seul coup de canon, jusqu’ à ce que les bouts de ses vergues se trouvassent accrochés à ceux de la Santisima Trinidad. Alors il commença un feu si terrible, que dans un quart d’heure l’Espagnol fut complètement démâté, et obligé de se rendre.
Lord Nelson, à bord du Victory, attaqua l’Amiral François de très près. Dans le fort de l’action, il fut grièvement blessé au côté par un coup de canon à mitraille, et il fallut le descendre. Dès qu’on eut mis le premier appareil, il voulut absolument qu’on le remontât sur le pont, et reçut bientôt une nouvelle blessure au corps.
Il vécut cependant jusqu’ au soir, et assez long temps pour apprendre la prise de l’Amiral François, et toute l’importance de la Glorieuse Victoire qu’il avoit remportée. Ses derniers mots furent: “Grâces à Dieu! j’ai survécu à cette journée; à présent je meurs content!!!”